Liriez-vous un livre en commençant par la fin ? (Ou fonctionner à l’envers dans l’autoédition.)

Vous est-il déjà arrivé de fonctionner à l’envers ? Évidemment, au début, on ne s’en rend pas compte. Nous poursuivons fréquemment notre rêve avec fébrilité. Alors on se lance et puis on remarque ensuite que le résultat escompté ne vient pas. Les gens ne comprennent pas ce que l’on a voulu dire. Pour une raison inconnue, les ventes ne sont pas au rendez-vous. Oui, mais, vous me direz, réaliser des études de marché ne sert souvent à rien. C’est vrai ! Il paraît même qu’elles ne servent nos intérêts que cinquante pour cent du temps. Pile ou face ! Pourquoi ? Parce que, selon moi, tout change très vite, en ajoutant le fait que les personnes qui produisent l’étude n’ont pas toujours l’expérience, le « vécu » du sujet traité. Donc, si on persévère, avec le temps, on apprend. On découvre alors quelle partie de notre travail est, bien souvent, à recommencer. Si on avait su… Sans explorer l’ensemble des possibilités, en voici quelques exemples.

Publier avant d’avoir suivi les phases de l’écriture.

Un de ces jours, nous obtenons une critique négative. Nous n’avions pourtant pas reçu de mauvais commentaires des membres de notre famille. On avait même utilisé un logiciel de correction de texte ! Et maintenant, votre livre est imprimé. Ça nous arracherait le cœur de recommencer et de perdre tout cet argent. Malheureusement, comme nous en avons discuté dans un précédent article, dans un roman, il faudrait respecter un niveau littéraire minimal. Être écrivain, c’est un métier qui ne s’apprend pas en quelques heures. Il en va de même pour l’édition.

La couverture cause problème.

J’ai lu quelque part que lorsqu’un client voit un livre, la première de couverture doit capturer son attention en huit secondes. Une fois cela fait, si l’on a effectivement réussi à attirer son attention, le preneur potentiel retournera le volume pour parcourir le texte de la quatrième de couverture. Vous obtenez alors un maximum de quinze secondes pour l’inciter à acheter votre produit. En conséquence, nul besoin de dire qu’il faut passer autant de temps sinon plus à peaufiner le dessous (quatrième) que le dessus (première).

La première… et son contenu.

Pour le visuel de mon premier roman, mon héros se trouvait agenouillé devant un chat de dix fois sa taille. Cependant, l’animal pourtant magnifique ne vécut que dans mon esprit. Dans ma tête, le lecteur devait interpréter l’image à un second niveau. Le concept était le suivant : l’Homme devait agir avec humilité pour comprendre son essence et s’inspirer de la bête qui, elle, saisit instinctivement sa propre nature. Une partie du roman faisait référence à cette idée. Malheureusement, en parcourant le verso, instruits que le héros se trouvât téléporté sur une autre planète, les lecteurs ont pensé qu’il se retrouvait sur un monde de chats. Le texte ne comportait pourtant aucune allusion à ce sujet. Cet exemple démontre combien une première image peut marquer l’esprit.

Je me souviens aussi d’une traduction d’un roman, « L’homme démultiplié » de A. E. Van Vogt, où l’on nous présentait un homme avec des « rayons laser » lui sortant de l’extrémité des doigts sur la couverture. Eh bien, cela n’avait rien à voir avec l’histoire. À l’époque, j’en ai ressenti une certaine frustration. Lorsque la première de couverture nous attire, je crois que nous l’assimilons à l’ensemble de l’œuvre. Nous utilisons même des codes qui permettent d’identifier le contenu d’un imprimé. À moins de rechercher un effet particulier, on ne produira pas de livres de gestion roses ou un livre sur les fleurs sans fleurs sur le dessus. De même, la plupart des livres d’horreur possèdent une enveloppe noire ou très foncée. Il ne faut pas brider notre créativité, mais nous devons la valider, comme le reste.

En terminant ce bloc, j’aimerais discuter d’un concept qui paraîtra banal pour la majorité d’entre nous : le contenu et le contenant (la couverture) doivent traiter du même sujet. Imaginons la jaquette d’un « thriller » très bien faite, mais avec une histoire qui ne ressemble pas beaucoup à un « thriller ». Les lecteurs de ce genre s’attendent à des complots, à une enquête, à y dénicher des indices, des pistes à suivre. Si la quasi-totalité de la trame consiste en développement personnel ou en intrigues amoureuses, ils seront sans doute déçus. Tout dépend de notre cible (nous en reparlerons.). Il n’est pas nécessaire de présenter un meurtre « bien saignant » dès les cinq premières pages, mais quand même…

Je me suis trouvé un éditeur, c’est le succès garanti !

Lorsque vous vous associez avec un éditeur, vous signez un contrat de service. Une bonne entente fonctionne en partie sur la confiance, mais la confiance, ça se construit. Que recherchez-vous dans cette entente ? Regardons les secteurs les plus évidents ou les plus souvent cités du métier et pour lesquels, parfois, on ferait mieux de gratter un peu sous la surface tout en gardant notre portefeuille dans notre poche.

La révision

Si un éditeur vous dit que votre texte est parfait, aucune correction, aucun commentaire : fuyez-le ! Si son travail ne consiste qu’à rectifier les fautes, c’est pareil ! Vous rencontrerez rarement une personne, même bardée de diplômes, qui puisse se débrouiller seule. Dans tous les cas, on peut supposer que si l’individu censé vous aider ne met pas les efforts nécessaires dans ce domaine, il ne fera pas d’efforts ailleurs (je sais, je ne suis pas sympathique).

La distribution

Combien de fois j’ai pu entendre cette phrase : « Si j’étais distribué en librairie, je vendrais beaucoup plus de livres. » Il est vrai que plus votre produit est accessible, plus on pourra le voir. Cependant, que se passe-t-il en magasin ? Peut-être avez-vous en tête que les représentants vont proposer votre livre avec enthousiasme ? La réponse est simple : non ! La vente en librairie s’exécute, jusqu’à un certain point, de manière passive. Votre ouvrage y sera mis de l’avant en fonction de la promotion qui l’entoure. Si vos romans ou autres documents ne sont pas demandés par le client, il y a de fortes chances (très fortes) qu’on le place sur la tablette du bas. Ils seront ultimement retournés au distributeur qui les renverra, souvent abimés, à l’éditeur qui assumera les frais de transport. De toute manière, votre volume se retrouvera perdu dans une boutique surchargée d’information. Mais votre livre est pourtant bon ! Comment tout cela se peut-il ? Nous en reparlerons dans la section « Promotion ».

Aujourd’hui, si on exclut les éditeurs classiques, on peut vous proposer une panoplie de modèles de publication. Certains ne vont pas en librairie, certains maintiennent un petit réseau de distribution et d’autres font effectivement appel à un distributeur à grande échelle surtout si vous payez une partie de la facture (partage de risque). Là encore, savez-vous ce que vous achetez ? Savez-vous ce que vous voulez ? Ne vous contentez pas d’une réponse floue de la part d’un éditeur potentiel. Avant de vous lancer et de signer, réfléchissez aux deux paramètres dont nous venons de discuter, sans oublier le plus important : la promotion.

La promotion

Ici encore, j’ai assez fréquemment entendu une phrase du genre : « Je vais racheter mes droits, mon éditeur ne fait pas de promotion ! » Quelqu’un de mal intentionné pourrait répliquer qu’une clause détaillée aurait dû être incluse dans votre contrat. L’avoir su… On fait confiance, quoi de plus normal. Cependant, le monde concret nous rattrape et nous nous rendons compte que nos rêves ne se matérialiseront pas. La réalité : très peu de livres franchissent le seuil de rentabilité. Même une promotion importante pourrait ne servir à rien. Par exemple, si je raconte l’histoire de mon père ou de ma mère qui n’ont rien vécu de particulier, cela ne devrait pas susciter beaucoup d’intérêt. Si encore, vous écrivez sur la bonne manière de se curer les dents, si votre roman s’inscrit dans un style trop avant-gardiste pour votre époque ou si on fait sauter la tour Eiffel le jour de votre lancement, la promotion n’aura que peu d’effet. De plus, ces efforts publicitaires peuvent s’avérer couteux en argent et en temps. Voilà pourquoi, bien souvent, certains éditeurs misent uniquement sur le réseau de l’auteur sans y mettre plus d’énergie. Il semblerait même, m’a-t-on dit, que certains d’entre eux publient quatre livres pour recevoir la subvention (agrément), mais ne s’occupent que d’un seul ; celui qui a le plus de chance d’obtenir du succès. Mais un livre intéressant ne devrait-il pas avoir droit à une promotion qui lui convient ? Alors, quelle place la mise en marché prend-elle dans l’ensemble de l’édition ?

Comme nous pouvons le voir dans le schéma synthétique précédent, la promotion couvre tous les secteurs, même le domaine administratif. On la retrouve dans la production du livre : le genre littéraire, les couvertures, le graphisme intérieur, le format. Elle prend aussi le pas sur la méthode de répartition. Les actions engagées dans chacun de ces domaines doivent aller de pair. Cependant, le modèle utilisé dépendra de l’aspect publicitaire ; autrement dit : du client. Dans notre schéma, la distribution en librairie n’est pas mise de l’avant. Elle n’est qu’un des outils pour rendre votre livre accessible. La disponibilité plus ou moins immédiate de votre marchandise est des plus importantes, mais sans promotion, point de salut ! Ici entre en jeu la notion de porte-paroles ou d’influenceurs ; ces individus qui parleront de votre produit et le feront connaître. Il faut présenter votre offre aux personnes ou aux systèmes les plus intéressés sans se limiter, mais sans s’éparpiller non plus. Un peu de formation, par exemple dans le cas du marketing web, s’avère souvent nécessaire si on veut sauver beaucoup de temps. Sans oublier la bienheureuse créativité, qu’on lance parfois dans une discussion sans trop savoir ce que l’on dit (je m’inclus dans le nombre). Avant que vous ne déteniez un groupe de suiveurs digne de ce nom, beaucoup de gens devront en parler. À travers toute cette démarche, ne pas non plus oublier que tirer à gauche et à droite ne vaut pas une attaque coordonnée. L’intensité comme la fréquence (répétition) de votre message sont à considérer pour atteindre vos objectifs.

Maintenant, j’aimerais de nouveau énoncer une évidence : tous les ouvrages, bien écrits et bien formatés, n’ont pas la même chance de succès. Quel produit avez-vous entre les mains ? Nous avons tous entendu dire que les romans historiques enregistrent des records de vente, mais attention, cela s’applique aux romans que l’on qualifie « du terroir ». Les volumes de science-fiction resteront sur les tablettes si on les compare à certains livres de recettes. Si vous êtes une personne connue et surtout aimée, vos chances de réussir viennent de faire un grand bond en avant. Une bande dessinée humoristique qui cible les hommes de trente ans ne plaira pas à une femme de soixante ans. Il existe donc, à la base, une segmentation du marché. En conséquence, en réfléchissant un peu à notre problème, la logique nous impose de penser que nous devons d’abord avoir une idée de la nature de notre produit. Comprendre ce que nous pouvons faire, ce qui nous intéresse et faire la lumière sur ceux qui pourraient bien souhaiter l’acheter. Et alors, qu’allons-nous pouvoir faire avec toute cette information ? Nous en discuterons dans le second volet de cet article : « Connaître minimalement la « business«  ».

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